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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/45

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Le vers de douze syllabes. — Postérieur aux vers de huit et de dix syllabes, celui de douze paraît être issu du décasyllabe par égalisation des deux hémistiches. Anciennement il a une césure après la sixième syllabe ; à l’époque classique il a généralement trois coupes, dont une fixe à la place de l’ancienne césure et les deux autres libres dans l’intérieur de chaque hémistiche. Un autre type, qui a été fort peu employé, mais qui apparaît de très bonne heure, a deux coupes fixes, l’une après la quatrième syllabe et l’autre après la huitième, sans en avoir après la sixième. Il ne faut pas confondre avec celui-là le vers romantique, dont les deux coupes tombent fréquemment après la quatrième et la huitième syllabes, mais en restant libres d’occuper d’autres places. Après la sixième syllabe le vers romantique n’a pas de coupe, mais une simple séparation de mots :

Elle est la terre, | elle est la plaine, | elle est le champ.

(Hugo, La Terre)

Les poètes postérieurs aux romantiques renoncent à cette séparation de mots :

Empanaché | d’indépendance | et de franchise.

(Rostand, Cyrano)

Enfin on a fait quelquefois des alexandrins qui ont trois coupes sans en avoir après la sixième syllabe :

Des rochers nus, | des bois affreux, | l’ennui, | l’espace.

(Hugo, L’expiation)

et d’autres qui n’en ont que deux dont l’une est après la sixième syllabe :

Comment | le dirait-on, | si l’on n’en savait rien ?

(Musset, Namouna)