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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/73

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chapitres précédents ont fait connaître les effets de contraste que l’on suscite par des changements de vitesse et des changements de rythme ; lorsqu’on entremêle des mètres divers on dispose de moyens plus variés et plus complexes, mais les effets que l’on obtient sont analogues. Il peut y avoir à la fois changement de mètre et changement de vitesse, ou bien changement de mètre sans changement de vitesse. Quand un vers de huit syllabes à deux mesures suit un vers de douze syllabes à quatre mesures, il y a exactement la même accélération que lorsqu’un vers romantique (douze syllabes et trois mesures) vient après un vers classique (douze syllabes et quatre mesures). Si le vers de douze syllabes est un trimètre et le vers de huit un dimètre il n’y a pas changement de vitesse, mais seulement changement de mètre ; il en est de même lorsqu’un dimètre de six syllabes suit un tétramètre de douze. La vitesse ne dépend pas du nombre des syllabes, mais du rapport qui existe entre ce nombre et celui des mesures. Les petits vers passent pour être plus légers et plus vifs que les grands ; ce n’est vrai que lorsqu’ils sont plus rapides.

Expression de la rapidité par un mètre rapide. — Un vers plus rapide venant après un vers plus lent exprime l’idée de rapidité et celles qui s’y rattachent :

La tempête s’éloigne et les vents sont calmés.
La forêt qui frémit, pleure sur la bruyère ;
Le phalène doré, dans sa course légère,
Traverse les prés | embaumés.

(Musset, Le Saule)

Grâce à l’emploi du vers de huit syllabes, le poète