Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

obtient une mesure à cinq syllabes, qui peint admirablement la rapidité et la légèreté de la course du phalène, sans être obligé pour cela de ralentir les mesures avoisinantes.

Dans l’exemple suivant le petit vers rend sensible la rapidité du changement :

Et lui-même ayant fait grand fracas, chère lie,
Mis beaucoup en plaisirs, en bâtiments beaucoup,
Il devint pau|vre tout d’un coup.

(La Fontaine, Fables, VII, 14)

Des vers rapides sont propres aussi à exprimer rapidement, par contraste avec ceux qui précèdent ou qui suivent, une chose sur laquelle on ne veut pas insister. La Fontaine en a souvent tiré parti pour introduire ses personnages et entrer en matière le plus vivement possible :

Un octogénaire plantoit.

(id., XI, 8)

Une grenouille vit un bœuf
Qui lui sembla de belle taille.

(id., I, 3)

D’autres fois il les utilise pour conclure brusquement sa fable, lorsqu’il en a exposé tous les événements et n’a plus rien à nous dire :

Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre
Ce que je viens de raconter.

(id., XI, 8)

Vous n’en approchez point. La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.

(id., I, 3)

Mise en relief par les petits vers. — Mais le plus souvent dans ce cas, et c’est déjà sensible dans le