Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dernier exemple, la vitesse sert surtout, comme on l’a vu à propos du trimètre, à rapprocher les idées en une sorte de synthèse qui convient parfaitement à une conclusion. Les vers de la fin, au lieu d’être en quelque sorte effacés, ont alors un relief particulier, qu’ils doivent au double changement de vitesse et de mètre :

La faim le prit : il fut tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon.

(La Fontaine, Fables, VII, 4)

La conclusion n’est pas obligatoirement celle de la fable ; elle peut être celle d’une période, d’un développement :

Enfin, quoique ignorante à vingt et trois carats,
Elle passoit pour un oracle.

(id., VII, 15)

Tes coups n’ont point en moi fait de métamorphose ;
Et tout le changement que je trouve à la chose,
C’est d’être Sosie battu.

(Molière, Amphitryon)

Les petits vers dans les strophes. — C’est pour des raisons analogues que lorsqu’une strophe se termine par un petit vers, il doit contenir l’idée essentielle de la strophe, celle qui résume tout ce qui précède, ou fait antithèse avec lui :

Ô lacs ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir.

(Lamartine, Le Lac)

Le sérail !… Cette nuit il tressaillait de joie.
Au son des gais tambours, sur des tapis de soie,