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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/76

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Les sultanes dansaient sous son lambris sacré,
Et, tel qu’un roi couvert de ses joyaux de fête,
Superbe, il se montrait aux enfants du prophète,
De six mille têtes paré !

(Hugo, Les Têtes du Sérail)

Ce n’est pas parce qu’il est le dernier vers d’une strophe ou d’un développement que le petit vers est en relief, mais parce qu’il constitue un changement de mètre. Il peut donc y avoir plusieurs petits vers dans une strophe ou un développement et ils peuvent y être à n’importe quelle place. Il en résultera toujours un contraste et un éveil de l’attention, et il ne faut pas que ce soit sans raison ; le changement de mètre doit être justifié par le sens :

Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme,
Ouvre le firmament,
Et que ce qu’ici-bas nous prenons pour le terme
Est le commencement.

(id., Contemplations)

Maintien du même mètre dans une pièce en vers libre. — Par conséquent si tous les éléments d’un développement ou d’une énumération ont la même valeur, il faut conserver le même mètre. Tels sont, dans le passage suivant, les six vers qui développent l’idée contenue dans le premier :

Ne reconnoît-on pas en cela les humains ?
Dispersés par quelque orage,
À peine ils touchent le port
Qu’ils vont hasarder encor
Même vent, même naufrage :
Vrais lapins, on les revoit
Sous les mains de la Fortune.

(La Fontaine, Fables, XI, 15)