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Tout s’efface, tout se délie,
Le flot sur le flot se replie,
Et la vague qui passe oublie
Léviathan comme Alcyon !

(Hugo, Napoléon II)

Poèmes d’une seule strophe. — Une strophe est une unité quand le sens finit avec elle, si bien qu’un poème peut être constitué par une strophe unique. On l’appelle alors quatrain, quintain, sixain, huitain, dizain, etc., selon qu’elle a quatre, cinq, six, huit ou dix vers.

Poèmes d’un nombre indéterminé de strophes. — Mais en général on ne parle de strophes que dans les poèmes qui en contiennent plusieurs. Elles peuvent alors, mais le cas est rare, être toutes différentes l’une de l’autre, comme dans La Retraite de Lamartine (Premières Méditations, xiii). Il en est de même, à ce point de vue, de telle fable de La Fontaine, que l’on peut déclarer construite en strophes d’un bout à l’autre ; par exemple, L’Homme entre deux âges et ses deux Maîtresses (livre I, 17) peut se subdiviser en sept strophes, une de quatre vers, une de cinq, deux de quatre, une de six et deux de quatre. Ce sont, dans toute la force du terme, des poèmes en strophes libres, et ils ne se distinguent des poèmes en vers libres que parce qu’ils n’admettent pas deux rimes plates de suite. Il n’y a pas de poèmes à rimes libres d’une certaine étendue qui ne contiennent des strophes çà et là.

De même qu’un poème en mètres libres n’est composé qu’exceptionnellement de mètres tous différents, et reproduit d’ordinaire plusieurs fois de suite ou à des intervalles plus ou moins grands le même mètre,