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RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

Sorrente, le 25 octobre 1876.

Très honoré ami,

J’aurais dû répondre plus vite à votre lettre ; mais je ne voulais pas le faire en courant, et j’attendais pour cela un peu de trancjuUlité. Certes, cette tranquillité, j’aurais dû la trouver ici à Sorrente ; mais je ne peux en jouir qu’à la condition d’oublier les fatigues du dernier été, et, si je vous avais exprimé la véritable émotion que votre lettre m’a causée, j’aurais dû penser à l’œuvre et aux événements qui en ont été l’occasion.

Peut-être, cependant, est-ce le meilleur moyen d’oublier la représentation du Niebeluny^ que de vous parler d’une question qui, dans les différents articles écrits à ce sujet, a été absolument représentée sous les couleurs les plus fausses. Or, je tiens d’autant plus à rectifier ces erreurs, qu’elles ont souvent altéré mes relations amicales avec divers représentants de la nation française, hommes d’un grand mérite, dont quelques-uns me sont très chers.

Je vois que constamment mes amis français se considèrent comme obligés de donner toutes sortes d’éclaircissements et d’excuses à mon sujet, à cause des prétendues invectives que j’aurais lancées contre la nation française. S’il était vrai qu’à une époque quelconque, sous l’impression d’expériences désagréables, je me fusse laissé entraîner à insulter la nation française, j’en subirais les conséquences sans m’en préoccuper davantage, n’ayant pas l’intention d’entreprendre quoi que ce soit en France. Mais il en est tout autrement. Ceux qui tiennent à connaître ma véritable pensée sur le public parisien qui a pris part à la chute de mon Tamihauscj au Cirand-Opéra, n’ont qu’à lire le récit que j’ai donné, peu après, moi-même, de cet épisode, à un journal allemand, récit qui, depuis, a été reproduit dans le septième volume de mes œuvres complètes. Je les engage vivement à le faire. Ceux qui liront les pages 189 et 190 de ce vo-


    C. Benoît. Revue et corrigée avec soin par M. Grand-Carteret, la lettre du compositeur allemand figure ici avec toute sa saveur, avec tout son esprit particulier. (Note des Éditeurs.)