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SAMARINE — SAMARIUM

rer en Kussie. Le résultat de ces études fut sou célèbre ouvrage : les Frontières russes (Okrainy Rossil, 5 vol. Trad. ail.. 1868-76), dirigé contre la noblesse allemande des provinces. Samarine, engagé de bonne heure dans un slavophilisme rêveur et dans la mystique religieuse, eut, toute sa vie, pour idée fondamentale la croyance à la supériorité de la communauté agraire des Russes sur toute autre forme d’organisation sociale. Il eut la joie de contribuer pour une part éminente à faire appliquer ses théories ; mais, malgré ses succès si mérités de publiciste et d’orateur indépendant, il ne semble pas qu’il ait conservé jusqu’au bout l’exaltation d’un triomphe durable. Ses œuvres complètes furent réunies en 6 vol. in-8 (St-Pétersbourg, 1880-87. en russe). On a publié sa correspondance avec la baronne Edith Rahden (Moscou, 1893). J. L.

Bibl. : A. Pypinb, Caractéristiques des opinions littéraires entre les années vingt et cinquante (en russe) ; Samt-Pétersbourg, 1890, 2° éd., in-8. — Anatole Leroy-Beaulieu, t’n Homme d’Etat russe ; Paris, 1881, in-12. SAMARINDA. Ville des Indes néerlandaises, dans la région orientale de Bornéo, sur l’un des grands lleuves de l’ile, le Kouteï (plus haut : Mahakam), qui, peu après, entre dans son delta pour se perdre dans le détroit de Mangkassar ou Macassar, séparant Bornéo de Célèbes ; Kl. 000 hab. Située à 50 kil. environ du détroit, 70 en suivant les méandres du fleuve, Samarinda n’est point la oapitale du royaume indigène de Kouteï (qui reconnaît la suzeraineté de la Hollande), mais elle en est la ville importante, la place de commerce et le lieu de séjour du résident néerlandais ; moins ville d’ailleurs que rassemblement de radeaux et de cabanes, sur pilotis, habitées par des Roughis de Célèbes, élément dominant des Malais, des Chinois ; c’est une Venise en bois et une Venise plus complète, où il n’y a pas de rues, rien que des canaux et des bras du fleuve, et des bateaux pour tout véhicule. Relations ] de commerce avec divers ports de ces mers, avec Pelarang, port du Kouteï (à 9 kil en aval), voisin de mines de houille très riches, avec Tangarœng ou Tangaroung, résidence du sultan de Kouteï (à 30 kil en amont) ; c’est jusqu’à Tangaroung que la marée remonte le fleuve. Commerce de rotins, bois divers, gutta-percha, miel, cire et nids d’hirondelles. 0. Reclus.

SAMARITAINE (La). On a donné ce nom à une machine hydraulique construite, sur l’ordre de Henri IV, dans les premières années du xvn e siècle, pour alimenter d’eau les palais du roi, et qui était placée sur le Pont Neuf du côté du Louvre. Pendant la Fronde, c’est près de la Samaritaine que se vendaient les Mamrinades. D’abord fort simple, cet édifice fut refait de 171"2 à 1713, d’après les dessins de l’architecte Robert de Cotte, et ne se trouva tout à fait terminé qu’en 1776. Il n’avait pas moins de trois étages, dont deux au-dessus du pont, et était chargé de dorures ; les statues du Christ et de la Samaritaine, œuvres de Bertrand et de Frémin, étaient placées sous un cadran, marquant les heures, les jours et les mois, de chaque coté d’un petit bassin fort orné de sculptures ; le comble se terminait par un campanile avec carillon. Aussi était-ce là, en titre, un château royal, pourvu d’un gouverneur nommé par le roi. La machine, qui fut ensuite imitée, comprenait quatre pompes ; elles ne fonctionnaient évidemment plus, lorsque, pendant la Révolution, diverses autorités, état-major, corps de garde, commissaire de police, comités s’y établirent, ainsi qu’un café. Objet de beaucoup d’éloges aux xvn e et xvm° siècles, l’édifice de la Samaritaine était alors fort décrié. Sa destruction, commencée en 1793, fut achevée en 1813. M. Barroux. Bibl. : A. J al. Dictionnaire critiquede biographie et d’his toire ; Paris, 1872, p. HOU. 2 e éd., gr. in-8.— E. Belgrand, les Travaux souterrains de Paris : Paris, 1877, t. III. ch. xi, in-8. — Kd. Fournier, le Pont Neuf, dans Paris à travers les âges, éd. île lssi. tome II, ch. v et vi. SAMARITAINS. Peuple de Palestine. Les habitants de la Samarie ou Palestine moyenne, conservèrent après l’exil un fonds de croyances et de pratiques qui porta d’autant plus ombrage aux réformateurs de Jérusalem qu’ils y voyaient l’action des colons de Bahylonc et de Koutha établis par les Assyriens. Les Juifs rigoristes du parti d’Esdras refusèrent de les associer à la reconstruction des murs et du temple de la ville qu’avait autorisée un éditde Cyrus. Ils leur interdirent même toute participation au culte. Les Samaritains se vengèrent en desservant les Juifs auprès des satrapes perses. Ils accueillirent aussi avec faveur les Juifs qui ne voulurent pas se plier aux lois nouvelles, entre autres, Mauassé, frère du grand prêtre de Jérusalem qui refusait de se séparer de sa femme samaritaine, tille de Sanballat. Ils fondèrent sur le mont Garizim un sanctuaire de Yahvéh, rival du temple de Jérusalem qui fut confié à ce même Manassé. De cette époque — peu après Néhémie — date l’importance de Sichem (aujourd. Naplouse [V. ce mot)), qui dut à la proximité de ce sanctuaire de supplanter la vieille Samarie (V. ce mot). Le temple du Garizim fat détruit en 129 av. J.-C, par Jean Hyrcan ; mais l’emplacement continua à être vénéré : dans la version samaritaine du Reutéronome (xxvu, 4), le texte porte Garizim à la place de Ebal. Sous la domination romaine, les Samaritains se révoltèrent à plusieurs reprises et furent écrasés en même temps que les Juifs ; 11.600 périrent sur le mont Garizim. La dernière révolte eut lieu sous Justinien (529) : les églises furent détruites, les chrétiens, dont l’évèque de Naplouse, furent mis à mort. L’armée byzantine les dispersa et en tua un grand nombre : beaucoup se convertirent au christianisme. Depuis, leur nombre n’a cessé de décroître ; on n’en compte guère plus de °20O aujourd’hui, réunis dans un quartier de Naplouse, autour de leur synagogue et de leur grand prêtre, descendant prétendu d’Aaron.

Monothéistes absolus, ils croient aux anges, à la résurrection des morts et au jugement dernier que doit précéder l’apparition du Messie. Ils pratiquent la circoncision le huitième jour, observent le sabbat et les fêtes juives. De la littérature biblique, ils n’admettent que le Pentatcuque dont ils conservent une version en caractères samaritains (V. Ecriture). Comme prophète, ils ne reconnaissent que Moïse. Trois fois l’an, pour la fête des pains azymes, pour la fête des semailles et celle des tabernacles, ils se rendent sur le mont Garizim. La fête de Pâques est la seule où ils immolent des victimes. En cas de stérilité, ils permettent un double mariage. Ils pratiquent le Iévirat (V. Famille, t. XXV, p" 1.173) — avec cette nuance que ce n’est pas le plus proche parent qui doit épouser la femme du défunt mort sans enfant, mais l’ami le plus intime — et le divorce. Leur idiome est l’ancien hébreu mélangé d’araméen. Ils possèdent dans cet idiome une traduction (Targum) du Pentateuque, de nombreux chants et psaumes. Au xin siècle, ils rédigèrent en langue arabe un soi-disant Livre de Josué, sorte de chronique allant de Josué à Constantin le Grand (Chronicon Samaritanum, édité par Juynboll ; Leyde, 1818). Ils ont encore en arabe une autre chronique allant jusqu’au xiV siècle (Abulfathi Annales Samaritani, éd. par Ed. Vilmer ; Gotha, 1863) et plusieurs ouvrages dogmatiques. René Dussaud.

Bibl. : Silv. de Sacy, dans Notices et Extraits des manuscrits de la bibtiothèque du Roi, t. XII ; Paris, 1831. — Juynboll, Commentarii in Instoriam genlis Samaritana ; ; Leyde, 181G. — Barges, les Samaritains de Naplouse ; Paris, 1855. — Appel, Quœstioncs de rébus Samaritanorum :

Gôttingue, 1871, etZitr Sprache, Litteratnr und Dogmatih 

der Samuritaner ; Leipzig, 187t>.

SAMARIUM. Sm = ISO. Le samarium est un métal fort rare qui accompagne le néodyme, le praséodyme, le lanthane dans le didyme impur retiré de la samarskite. Lecoq de Boisbaudran i’a caractérisé, en 1878, par le spectre d’absorption de ses sels et par son oxyde. Delafontaiue avait reconnu dans le didyme, quelque temps auparavant, un nouveau métal qu’il avait appelé le décipium ; des rechercb. es plus étendues lui permirent d’établir que son dé-