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SOLON — SOLOVIEV

existant, que les choses aux lois. Plutarque prétend, avec peu d’apparence de raison, que Solon voulait imposer ses lois à Athènes pour une période de cent ans ; Hérodote doit être plus près de la vérité quand il raconte que le législateur fit jurer aux Athéniens de respecter ses lois pondant dix ans. On a voulu appuyer cette affirmation du fait que Solon se serait ensuite absenté pendant dix années, vovageant pour éviter qu’on put lui demander de modifier lui-même sa législation et pour permettre aux Athéniens de s’y habituer : les dates historiques ne paraissent pas confirmer cette histoire, car il semble prouvé que Solon ne quitta pas Athènes pour voyager avant l’année 571 . Il se rendit d’abord en Egypte, où il s’entretint avec les prêtres d ’Héliopolis et de Sais, puis alla à Chypre auprès du roi Philocyprus, qui, sur son conseil, transporta sa capitale Aepeia sur un emplacement plus favorable et lui donna le nom de

Soli, en l’honneur

de son hôte. C’est

en 563 que l’on

place l’entrevue

de Solon et du

roi Crésus à Sar-

des et la fameuse

conversation sur

la vanité du bon-

heur humain,

ainsi que la rencontre de Solon et du fabuliste Esope : mais, dès l’antiquité, on révoquait en doute cette légende pour des raisons historiques, et il est prouvé, maintenant, que ce n’est qu’une fable.

Solon revint à Athènes en 561 ; il y trouva le peuple aussi peu satisfait que les Eupatrides de sa législation : les premiers avaient espéré l’abolition absolue des dettes et le partage des terres, les seconds se trouvaient lésés profondément dans leurs prérogatives ; les anciennes dissensions intestines avaient déjà repris, et Pisistrate se préparait à s’emparer de la tyrannie. Solon chercha par tous les moyens à contrecarrer son entreprise, et à prévenir le peuple contre les ruses de Pisistrate ; mais les Athéniens ne voulurent pas l’écouter, et, en 560, Pisistrate se rendit maitre du pouvoir. Il en usa d’ailleurs avec modération et maintint sagement les lois de Solon. Celui-ci vécut dès lots dans le repos, universellement estimé, et revint à l’étude de la philosophie et à la culture de la poésie. Nous possédons des fragments de ses poésies en vers élégiaques, hexamètres et ïambiques (Salamine, pièce élégiaque en 100 vers : Péri athenaiôn politéias, Upothecai eis eauton, Pros Philocupron, Pros Kritian, Pros Mimnermon ; des tétramètres trochaïques : Pros Phôcon ; des ïambes et la scolie conservés par Diogène Laërte ; le commencement d’une poésie épique, que donne Plutarque et que l’on considère comme une exposition versifiée de ses lois, etc.). Ces vers, même dans l’état fragmentaire où ils nous sont parvenus, donnent une haute idée de la beauté du caractère de Solon et de la hauteur de sa pensée. Dans son livre sur la littérature grecque, Bernhardy exprime en termes éloquents tout ce que les vers de Solon nous apprennent sur lui-même et sur son temps. Les fragments des poésies de Solon ont été rassemblés par Bergk dans ses Poetœ lyrici grœci (Leipzig, 188-2). Nous possédons deux biographies du législateur : celle de Plutarque et celle de Diogène Laërte. Ph. B.

Bidl. : Meursius, Solon de ejus vita, legibus, dictis et scriptis, liber sing. — Niese. Historische Untersuchunflen. -Bonn, 18S2. — Keil, Die Solonische Verfà&svng in Arisloteles Yerfassungsgeschichte Atliens : Berlin, 1892. SOLON E. Peuplade de Mandchourie, de race toungouse, dans la prov. de Tsitsikar.

SOLORZANO (Don José Gottikrez de), homme d’Etat espagnol (Y. Gbimaldo [Marquis de]). SOLOVtTZK. Groupe d’iles du golfe d’Onega, mer Blanche, au nombre de six, et dont la principale. Solovetzk, qui donne son nom au groupe, a une superficie y èkk#à& A

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•"-r ^^- ... * .’ 1 *--’-'. < , ;y v : Couvent de l’île de Solovetzk.

d’environ 235 kil. q. Les autres iles portent les noms de Anzer, Grande et Petite Mouksalma, Grande et Petite Zaïatzki.

L’ile Solovetzk, assez accidentée, surtout dans sa partie N., est couverte de forêts (pins, bouleaux), de lacs, de marais. Une grande partie de l’Ile est occupée par un couvent d’hommes, le couvent Solovetzk ou Solovki, fondé entre 1429 et 1435 par saints Herman, Sabbat et Josim. Le monastère a servi autrefois de fortin contre l’invasion des Suédois. Il comprend actuellement, en dehors de ses six églises, divers établissements industriels exploités par les moines ou les pèlerins : prairies, scieries, pêcherie, tannerie, briqueteries. Toutes les iles sont d’ailleurs la propriété du couvent, qui possède aussi le monopole de la pèche dans ces parages, assez abondante (harengs, saumons, vaux marins). Le personnel normal du couvent et de ses annexes

est d’un millier

environ ; on

compte annuel-

lement 10,000 à

15.000 pèlerins.

Les revenus du

couvent sont éva-

lués à 160.000

roubles. Au point

de vue adminis-

tratif, les iles Solovetzk appartiennent au district de Kern, gouvernement d’Arkhangelsk. P. Lem.

SOLOVIEV (Serge-Mikhailovitch) , historien russe, né à Moscou le 5 mai 1820, mort à Moscou le 4 oct. 1870. S. Soloviev fut précepteur de la famille Strogonov qui l’amena à Paris (1842-41), puis professeur d’histoire à l’Université de Moscou (1847) dont il devint recteur (1871-77) ; il se retira lors des mesures réactionnaires du comte Tolstoï, fut nommé conservateur du musée du Kremlin ; il ne s’est pas mêlé aux mouvements d’opinion dont il a été le témoin et s’est isolé dans son colossal labeur. Sa thèse de doctorat qui parut, en 4 8 47 , sous le titre de : Histoire des rapports entre les princes russes de la maison de Rourik, fit sensation. Le jeune savant s’y montrait l’élève des historiens de l’Europe occidentale et révélait à son pays une façon nouvelle de comprendre l’histoire, en y cherchant un tout infiniment complexe, mais vivant, et non plus une simple succession de faits. Il entreprit ensuite d’écrire une histoire totale de son pays, et, chose très rare pour un Russe, il ne se découragea pas avant la fin de cette tache énorme, et ne fut interrompu que par la mort. Le premier volume de son Histoire russe parut en 1851 ; le 29 e volume, qui s’arrête en 177 i, parut en 1879. C’est, pour l’étude actuelle de la Russie, une source précieuse de documents solidement encadrés et sérieusement extraits des archives. C’est un monument de premier ordre que cet énorme ouvrage, qui eut, d’ailleurs, assez de succès pour être réimprimé à plusieurs reprises. On en rectifie çà et là quelques détails, mais l’ensemble n’en reste pas moins puissant. H a publié aussi de nombreux mémoires et articles et des ouvrages secondaires : Lettres historiques (1858-59) : llist. de la chute de la Pologne (1863) ; Alexandre I er (1877) ; Manuel d’histoire russe (7 e éd. 1879 ; trad. franc.), etc. .1. L. BinL. : P. Milioukov, (es Principaux courants de la pensée historique en Russie ; Moscou, 1S97, in-S (en russe). SOLOVIEV (Vsévolod-Serguiévitch), romancier russe, né à Moscou en 1849, fils aîné du précédent. Après avoir débuté dans la littérature par des vers et des articles de critique, il se consacra au roman-feuilleton du genre historique. J. L.

SOLOVIEV (Vladimir-Serguiévitch), philosophe et publiciste russe, né à Moscou en 1853, mort en 1900, fils cadet de Serge Mikhailovitch. Il fit d’abord ses études à l’Académie ecclésiastique de Moscou et se trouva engagé de bonne heure dans ces questions religieuses qui furent la