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SOUKKE

sulfures, sulfates ou soufre natif, telles sont les trois catégories de minerais naturels, d’où l’on pourrait extraire du soufre : pratiquement, la pyrite de fer seule, avec le soufre natif, suffit à alimenter la consommation du monde. D’où vient le soufre des gisements géologiques ? Originairement, sans doute, des magmas ignés profonds, qui, par leur consolidation, leur scarification, ont donné tous les éléments de l’éeorce terrestre ; mais, depuis qu’il est sorti de ces magmas complexes.il est entré, comme tous les autres métalloïdes, auxquels nous attribuons un rôle de minéralisateur analogue, dans un cycle, dont les phases sont nombreuses et variées et, pour chaque cas particulier, on peut se demander en présence de laquelle de ces phases mi se trouve. On sait très hien, par exemple, que les sulfures métalliques des roches, généralement insolubles par eux-mêmes, peuvent, en présence d’une eau chargée d’oxygène comme toutes celles de la superficie, donner îles sulfates soluhles. et ces sulfates sont alors soumis à toute une série de douhles réactions, variahles suivant les éléments chimiques, qui se trouvent en présence des dissolutions. Le seul excès de l’air amène la reprécipitation du fer sulfaté à l’état de sesquioxyde : dans d’autres cas (cuivre, zinc, plomb), le carbonate de chaux des cali .mes produira des carbonates métalliques, avec un excès de sulfate de chaux soluble, presque totalement entraîné par les eaux. Il est à remarquer, à ce propos, que les masses de sulfures métalliques, ainsi transformées indirectement en carbonates à la surface du globe, ont dû être énormes, et. très rarement pourtant, il subsiste un peu de gypse cristallisé dans les gisements. Tout le sulfate de chaux produit a donc dû être porté par les eaux courantes vers la mer et l’on peut, dès lors, assez logiquement admettre une origine semblable pour la plus grande partie des sulfates, qui jouent un rôle important dans la constitution de l’eau de mer (sulfates de chaux, magnésie, accessoirement potasse, soude, strontiane, etc.). Le sulfate de chaux, une fois en dissolution dans l’eau de mer, tend à se concentrer avec elle dans certaines conditions spéciales, qui caractérisent le phénomène lagunaire, et l’on obtient ainsi des lentilles de gypse, souvent accompagnées de sel gemme. D’autre part, il est très possible qu’une partie de ce sulfate de chaux, introduite avec de l’eau de mer au contact de roches en fusion dans les régions éruptives, contribue à alimenter les fumerolles sulfurées, par lesquelles, nous l’avons dit plus haut, les coulées de lave un peu refroidies sont caractérisées. Enfin, pour terminer ce cycle du soufre, les sulfates métalliques dissous, mis en présence de réducteurs, matières organiques ou hydrocarbures, peuvent redonner un précipité de sulfures métalliques ; il peut également arriver, dans les sédiments à faciès vaseux, que le gypse, réduit par des matières organiques en présence d’oxyde de fer, donne naissance à de la pyrite, qu’on trouve alors cristallisée sur des fossiles ; cette réaction se produit chaque jour dans les vases de nos côtes. Parfois même, dans des conditions sur lesquelles nous reviendrons à propos des soufres de Sicile, le sulfate de chaux, ainsi réduit, donne des amas cristallisés de soufre natif. La précipitation du soufre natif sur le griffon d’une source thermale sulfureuse se produit fréquemment par l’action de bactériacées thiogènes ou sulfobactériées, qui ont été étudiées par Winogradsky et van Tieghem. Ces bactéries, qui pullulent partout où du sulfate de chaux est réduit par de la matière organique en décomposition, ont besoin pour vivre d’emmagasiner du soufre dans leur protoplasma ; pour cela, elles décomposent l’hydrogène sulfuré, mettant en liberté du soufre, qu’elles oxydent ensuite pour l’éliminer à l’état de sulfate ; sans hydrogène sulfuré, elles meurent.

Nous allons maintenant examiner tour à tour les principaux gisements du soufre proprement dit, laissant de côté les pyrites de fer, qui ont été étudiées ailleurs (V.Pyhitk). Le soufre natif se forme constamment dans les régions volcaniques. Après une première période de fumerolles chlorurées, il se dégage de la lave, vers 100°, des fumerolles sulfureuses, qui peuvent se prolonger très longtemps dans les régions volcaniques les plus récemment éteintes. Ces fumerolles sont surtout caractérisées par l’abondance de l’acide carbonique, de l’hydrogène sulfuré et de la vapeur d’eau. Sous l’influence de l’air, il se produit des réactions variées, donnant naissance, suivant les cas et parfois même simultanément, à des dépôts de soufre et à de l’acide sulfureux, qui s’oxyde à son tour pour donner de l’acide sulfurique. Celui-ci attaque violemment les roches et produit des sulfates solublesfgypse, alun, etc.). Ce genre de gisements, qui constitue ce que l’on appelle les solfatares, ne joue qu’un rôle très restreint dans l’industrie du soufre. Citons pourtant les gisements du Japon, qui ont fourni par an, pendant quelques années, 90. 000 à 25.000 tonnes de soufre, exportées aux Etats-Unis, mais qui déclinent peu à peu (en 1897 : exportation, 6.700 tonnes ; consommation locale, 2.500 tonnes). D’après Aichino, les mines les plus importantes sont dans l’île d’Hokkaido, à une distance de la côte qui rend leur exploitation peu économique. La principale, à Atosanobori

  • (N.-E. de l’île, 4. 300 tonnes en 4 897), est constituée

par un ancien cratère, autour duquel le soufre imprègne diverses roches décomposées, donnant quatre qualités de minerai à 90 °/ , 75 °/ , 50 %, et 35 °/ de soufre, qui entrent respectivement pour 10 °/ , 35 °/ , 40 °/ et 15 °/ dans la production totale. Sur le volcan du Popocatepelt, au Mexique, à 5.410 m. d’altitude, les soldats de Fernand Cortez, en 4519, recueillirent, pour la première fois, du soufre, afin d’en faire de la poudre. Depuis ce moment, il existe, autour des soufflards (respiratoires), une petite exploitation rudimentaire, organisée par les Indiens, qui descendent sac à sac sur leur dos par les pentes neigeuses. Aux Etats-Unis, on n’a pas mis en exploitation, jusqu’ici, de notables gisements de soufre, bien que ce pays soit un grand consommateur de soufre et importe à lui seul un tiers du soufre sicilien. Il y a, néanmoins, quelques petites mines de soufre, dont la principale, découverte en 1869, est celle de Cove Creek (comté de Beaver, au S.-O. de l’Utah), où l’on produit environ 4.500 tonnes par an. On exploite là une solfatare éteinte, où le soufre imprègne des cinérites, des tufs et tapisse des fissures de l’andésite. A Sulphur bank, en Californie, on a exploité de même du soufre volcanique imprégnant un basalte décomposé : ce qui a conduit à la découverte d’un gisement de mercure. Enfin, dans l’Alaska, on cite la soufrière de Kadiac. A la Guadeloupe, on observe, sur un cône volcanique situé à 9 kil. de la ville de Basse-Terre, une grande fente donnant de la vapeur d’eau, de l’hydrogène sulfuré et de l’acide sulfureux et sur les orifices de laquelle se dépose du soufre ; on trouve, au voisinage, des végétaux, en partie transformés en soufre. Dans le Nord de l’Islande, près de Beykjawick, des groupes de solfatares sont associés avec des maccalubes, c.-à-d. des volcans de boue, dont la boue est noircie par du sulfate de fer. La solfatare de Pouzzoles, aux environs de Naples, est bien connue. Dans la région volcanique de Viterbe, près du lac Bolsène, des mines, exploitées par la société des soufres romains, portent sur une couche de lave blanchâtre décomposée et imprégnée de soufre, dite marmorone, sous une coulée basaltique. Le soufre remplit des fissures et forme des stalactites dans des grottes. On cite encore la présence de soufre volcanique aux Nouvelles-Hébrides (île de Tanna) ; au Chili, près de la lagune d’Ascotan, dans un trachyte,etc.

Mais la vraie source industrielle de soufre natif dans le monde, ce sont les gisements sédimentaires, où le soufre se présente en lentilles, intercalé au milieu de dépôts lagunaires et associé avec des marnes calcaires, ou des calcaires .plus ou moins siliceux : gisements que l’on nomme des solfares. Il est à remarquer que ce genre de gisements se trouve presque exclusivement concentré dans les terrains tertiaires. Pour l’Europe, cela correspond à