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arracher, les anarchistes reconnaissent qu’il n’y a que la révolte qui puisse affranchir ceux qui veulent sortir des entraves présentes pour établir une société de justice et de liberté sur les ruines de la société d’arbitraire et de spoliation d’aujourd’hui.

Étant donné ce qui existe, les moyens d’affranchissement ne sont au choix de personne. En se réclamant de la révolution, les anarchistes n’expriment pas une préférence, ils constatent un fait, subissent les conséquences d’une société faussée, détournée de son but.

En attendant que l’esprit de révolte grandisse parmi les opprimés, en attendant qu’ils aient pris conscience, que l’on n’obtient que les libertés que l’on sait prendre, que les concessions que l’on sait imposer, tout en reconnaissant que les améliorations partielles, dans la société présente, dans laquelle il faut vivre et dont on ne peut s’abstraire, n’ont aucune valeur relativement à l’affranchissement complet que tout individu doit chercher, tout en travaillant, toujours et sans cesse, à préparer la révolution qui, seule, affranchira les individus en faisant table rase des institutions d’oppression et d’exploitation, les anarchistes reconnaissent que, surtout pour les travailleurs qui, chaque jour, à chaque heure, ont à défendre le salaire que leur consentent leurs exploiteurs, à défendre leur liberté et leur dignité à l’atelier, il y a des luttes d’améliorations partielles à soutenir, — quand ça ne serait que la défense de ce qui a été acquis au cours des siècles, — mais que ces luttes — que les faits imposent — ne doivent jamais absorber tous les efforts des individus, ni leur faire perdre de vue la révolte générale, seule capable de les affranchir. Travailler pour l’avenir, c’est aussi une façon d’améliorer le présent.

Le syndicalisme et ses luttes pour la défense des salaires, la diminution des heures de travail ou l’obtention des meilleures méthodes dans l’organisation du travail, est une conséquence fatale de l’organisation économique qui nous régit. En attendant la révolution qui doit les libérer, les travailleurs ont à défendre leur vie de chaque jour, mais tout en les aidant dans cette lutte, le rôle des anarchistes est de leur faire comprendre