Page:Grave - La Grande Famille.djvu/135

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Dans la chambrée on se tordait.

Perry alla secouer son ami Grosset qui s’était affalé sur le lit et, tous deux, flageolant, mais fiers comme des paons, se tenant bras dessus bras dessous, allèrent à la cantine continuer leur cuvée.


Les rires s’étant apaisés, ceux qui connaissaient l’histoire à laquelle avait fait allusion Perry, la racontèrent ; un nouveau groupe se forma peu à peu autour du caporal Loiry qui avait fait ses deux ans de colonie avec Perry et Grosset, alors que Bracquel y vint. Une histoire en amenant une autre, la conversation roula sur la vie que les soldats mènent aux colonies.

Histoires de cuites ; comment on s’arrangeait pour gagner de l’argent ; comment on s’y prenait pour découcher, tout cela roulait sur le tapis, pêle-mêle, y tenant une large place. Par ses questions, Caragut, qui s’était joint au groupe, amena peu à peu les narrateurs à retracer les luttes avec les indigènes, les exactions qu’on leur faisait subir. Loiry et deux ou trois autres racontaient à mesure qu’ils se remémoraient leurs souvenirs, les scènes auxquelles ils avaient assisté.

— Oui, disait Loiry, en Cochinchine, on est bien mieux qu’ici. Plus maintenant à Saïgon, où c’est une commission d’ordinaires qui s’occupe de l’achat