Page:Grave - La Grande Famille.djvu/166

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épuisées, en écourtant ses visites intéressées à ses copains, n’oubliant pas, surtout, la boisson.

Mais quoiqu’il laissât les hommes de garde relativement tranquilles, Bracquel ne pouvait s’empêcher de tourmenter quelqu’un : entre ses visites chez le marchand de vin, il se tenait à la porte du quartier, et, lorsqu’il voyait sortir le porteur d’une physionomie divertissante, son plus grand plaisir était de lui faire faire demi-tour en lui commandant d’aller se mettre en tenue.

La victime de la mystification se regardait piteusement des pieds à la tête, vérifiant si sa cravate avait les deux tours réglementaires, s’assurant que sa capote était boutonnée du côté que comportait la quinzaine, jetant un coup d’œil à ses guêtres et à ses godillots pour voir si aucune tache de boue n’altérait le brillant du cirage, retapant les plis que doit former la capote par derrière ; et, enfin, n’ayant rien trouvé qui clochât, revenait vers la porte, raide comme un piquet, faisant à Bracquel un grand salut mécanique, dans toutes les règles de l’art.

— Demi-tour ! ordonnait Bracquel, comme s’il allait les dévorer, leur ôtant ainsi l’envie de demander une explication, au cas fort peu probable où ils auraient eu cette idée.

Et les hommes du poste qui avaient hérité de