Page:Grave - La Grande Famille.djvu/200

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elle ne se laisse, qu’à la dernière extrémité, arracher la réduction du temps de service.

Certes, la discipline est assez forte pour mater les plus rebelles, assez féroce pour faire reculer les plus hardis ; mais, si ceux qui la subissent réfléchissaient sérieusement, ils en arriveraient à sentir et analyser les mille coups d’épingle dont les larde le règlement, ils se révolteraient contre la barbarie de la loi ; ils se demanderaient de quel droit on leur impose cette discipline ; ils comprendraient que ce qui en fait la force, c’est l’abdication de leur volonté.

Ces chefs qui terrorisent l’armée, sont une bien petite minorité en face de ceux qu’ils martyrisent et qui n’auraient qu’à refuser l’obéissance pour que, règlements, discipline, hiérarchie, comptassent autant que de vieilles armes ébréchées.

Aussi, pour empêcher les individus de réfléchir, il faut les abrutir, et l’armée est admirablement organisée pour cela.

Le minotaure militaire prend des hommes jeunes, des enfants, au moment où les sens commencent à s’éveiller, il les arrache à leur milieu, à leur famille, à leurs relations ; les parque comme du bétail, les isole du reste de la population. Les besoins naturels sont comprimés par l’impossibilité de les satisfaire ; la promiscuité, les rancœurs d’une