Page:Grave - La Grande Famille.djvu/251

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dont brillèrent ses yeux en prononçant cette phrase, on devinait que lui aussi regrettait le remplacement — pour pouvoir se vendre.

— Hé ! fit Caragut, je ne dis pas que celui qui partait à la place de celui qui le payait n’était pas aussi satisfait, sinon davantage, du marché, mais enfin, trouvez-vous que ce soit juste qu’un individu en soit réduit à faire ainsi bon marché de sa peau pour quelques malheureuses pièces de cent sous que, le plus souvent, il dévorait en peu de temps ?

Voyons, franchement, si on t’offrait deux mille francs pour faire un métier pendant cinq ans, tout en sachant que tu y claqueras au bout de deux ans, accepterais-tu ?

— Dame ! non, fit un peu refroidi celui qui aurait bien voulu pouvoir gagner la prime de remplacement.

— Quant à ça, dit Saillant, c’est une loterie, et puis je n’ai pas à voir si c’est bien ou mal, je m’en fous, ça est comme ça est, qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ? Puisque la société est organisée comme cela, le mieux est de s’en tirer du mieux que l’on peut.

— Ce que tu pourrais y faire ? ce serait de raisonner un peu. Voyons, tu trouves que ce n’est pas juste que l’on te force à donner cinq ans de ton existence pour faire un métier qui te déplaît. Trou-