Page:Grave - La Grande Famille.djvu/288

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réactionnaires, mais celle que les véritables républicains proclameraient le jour où, toutes les lois en faveur de l’ouvrier, repoussées jusqu’ici, toutes les réformes ajournées, seraient mises en vigueur ; ce serait alors l’âge d’or.

Caragut était-il socialiste ? Du socialisme il n’en connaissait que le nom, et il eût été fort étonné, si on lui eût dit que les propos qu’il avait tenus à ses camarades, le jour de cette promenade à Plougastel, où il les avait tant rasés, étaient du socialisme le plus accentué ! Dans ses lectures à la diable, il avait bien côtoyé cette partie des revendications populaires, mais n’était jamais tombé sur un ouvrage traitant la question économique dans toute son ampleur. Un sentimentalisme pleurard, des aspirations vagues, mal définies, mal formulées, plutôt des déclamations que des réclamations positives, c’était tout ce qu’il connaissait du socialisme. Un gouvernement de travailleurs favorable aux travailleurs, résumait toute la science sociale.

L’antagonisme du Capital et du Travail se dressait bien, déjà, devant sa pensée : il comprenait intuitivement que l’intérêt du patron étant de pressurer l’ouvrier, et celui de l’ouvrier de ne pas se laisser pressurer, il y avait là une situation que pouvait seule résoudre la révolution. Certainement, se disait-il, les travailleurs seront forcés de se ré-