Page:Grave - La Grande Famille.djvu/289

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volter pour s’émanciper ; ce ne sont pas ceux qui possèdent qui voudront se dépouiller de ce qui fait leur force ; ils ne renonceront pas aux jouissances raffinées auxquelles ils se sont habitués. Ils ont besoin d’une classe servile pour pimenter leur satisfaction égoïste, ils useront leurs forces à maintenir l’ouvrier sous leur domination ; cela est incontestable.

Le suffrage universel dont il n’avait pas encore compris toute l’inanité lui semblait une arme bien aléatoire pour l’émancipation définitive, quoi qu’en disent les promoteurs des candidatures ouvrières, — ce qui était ce qu’il eut vu de plus avancé encore comme revendication économique. — Et il lui semblait bien que l’État, ce défenseur des privilégiés, ne se laisserait pas désarmer par le bulletin de vote.

Certes, ces questions étaient loin de se poser en termes aussi clairs, aussi précis dans son cerveau ; tout cela était très vague, très confus dans son entendement, mais il commençait à s’en dégager une lueur bien faible, bien vacillante, lui indiquant pourtant que la société était mal faite, mal organisée, ne répondant pas aux véritables besoins de chacun de ses membres.

Toutes ces impressions rétrospectives se confondaient dans le cerveau de Caragut avec les réflexions que lui suggéraient les faits nouveaux. Et,