Page:Grave - La Grande Famille.djvu/290

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alors, il était ramené à la situation présente : De quel droit le forçait-on, lui qui avait le militarisme en horreur, à endosser l’uniforme ? Au nom de quelle entité, lui enlevait-on les cinq plus belles années de son existence, pour le livrer, pieds et poings liés, aux caprices de l’arbitraire le plus absolu ?…..


— Numéro huit, glapit tout à coup, en haut de l’escalier, la voix du caporal de consigne, prenez votre fusil, vous venez avec moi, en patrouille.

Brusquement arraché à ses réflexions, Caragut alla décrocher son fusil et, emboîtant, avec un autre camarade, le pas au caporal, ils partirent à travers les dédales du Port, le caporal allant dans les postes où devait être constatée la ronde et l’heure de son passage.


Ils défilèrent le long de hautes piles de bois provenant de la démolition de vieux navires et qui s’étageaient sur les quais, bois qui pourrissait sans profit pour personne, alors qu’il y avait de quoi chauffer toute une ville ; ailleurs c’étaient des parcs d’artillerie où s’entassaient symétriquement rangés en pyramides régulières, des obus, des boulets, datant, pour la plupart de la Restauration, et n’ayant plus rien à voir avec l’artillerie moderne ; que l’on