Page:Grave - La Grande Famille.djvu/322

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Caragut qui se dégoûtait de plus en plus du métier commençait à devenir un « tireur au cul » de la plus belle venue. Lui, qui, jusqu’alors, avait fait son service avec exactitude, évitant les punitions, non par zèle, mais parce qu’il prévoyait qu’une fois dans l’engrenage, il n’en sortirait plus, il allait s’aveulissant, indifférent aux engueulades et aux punitions. Il commençait à connaître par cœur le chemin de la salle de police. Chaque fois qu’il voyait jour à s’esquiver d’un exercice ou d’une corvée, il n’y manquait pas, au risque de se faire prendre.

Ce moyen de procéder lui était venu un jour qu’il s’était présenté à l’appel sans porte-sabre, le sien étant en réparation.

L’officier lui ayant demandé pourquoi il n’avait pas de porte-sabre, l’envoya à la chambre, emprunter celui d’un malade. Caragut ayant été un peu long à en trouver un, arriva juste pour voir sa compagnie sortir du quartier. Elle allait faire les exercices de l’école de tirailleurs dans un coin de la campagne environnante.

Courir après pour reprendre sa place dans le rang, fut sa première inspiration, rentrer dans la chambrée, se débarrasser de son équipement et s’allonger sur son lit, fut le mouvement réfléchi qui décida de sa conduite.