Page:Grave - La Société future.djvu/160

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que lui opposait la nature ? Est-ce lors de l’âge de la pierre ? Est-ce plus haut, encore, lorsque son humanité commençait à se dégager de l’animalité ancestrale ? Est-ce encore plus loin, alors que rien ne faisait pressentir, dans sa gangue purement animale, le futur dominateur du monde terrestre dont l’orgueil l’amènerait un jour à renier son origine ? À quelque époque que l’esprit d’association se soit fait jour chez l’embryon humain, cela importe peu à notre thèse. Pour nous, l’individu est antérieur à la société, ce n’est pas lui qui doit se plier à des convenances arbitrairement établies, mais ces convenances se plier à son développement.


Nul doute que les premières associations, humaines ou d’anthropopithèques aient été des associations temporaires sur le pied de la plus parfaite égalité. Poussés peut-être par un besoin mal défini de sociabilité, mais à coup sûr aussi parce qu’ils trouvaient dans cette association, une plus grande sécurité ou une plus grande récompense de leurs efforts, les individus apportaient leur part d’efforts, se partageant le produit obtenu, selon leurs besoins, ou au mieux de leurs besoins selon le résultat obtenu. Et cet essai de passer de l’état naturel, isolé, à l’état d’association, indique que le futur homme avait compris ou senti que ce n’était qu’en unissant ses forces aux forces de ses semblables, qu’il parviendrait à résister à ses ennemis mieux armés que lui pour la « lutte pour l’existence ».

Mais, de ce que, peu à peu, il se soit laissé mettre sous le joug, que, graduellement, il ait subi l’autorité et l’exploitation de ceux qui s’imposaient à lui, ou