Page:Grave - La Société future.djvu/298

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drons le métier tel qu’il nous est donné, cela est indifférent à notre argumentation.

Ceux qui ont besoin de la céruse sont ceux qui s’en servent et non ceux qui la fabriquent ? Voilà une vérité que La Palisse ne désavouerait certes pas. Mais alors, pourquoi des individus sacrifieraient-ils leur vie et leur santé à fabriquer un produit dont ils ne ressentent nullement le besoin ?

Ce qui fait surtout la nocuité des diverses professions cataloguées dangereuses, ce sont d’abord la rapacité des exploiteurs, la durée du travail ensuite. Si au lieu de passer dix ou douze heures par jour dans des vapeurs méphitiques et cela de continu, pendant des mois et des années, supposez que les individus n’y soient employés qu’une heure ou deux et par intermittence, et qu’au lieu d’être enfermés dans des locaux mal aérés, les ateliers soient installés en plein air sous des abris, pourvus de toutes les conditions hygiéniques connues, cette occupation peut rester plus ou moins désagréable, mais cesse d’être meurtrière.

Une fois ce point déblayé, reste à savoir qui fabriquera ces produits ? Mais, nous l’avons dit : ceux qui en auront besoin. La diversité des occupations est nécessaire à l’homme, la variété dans les travaux lui en facilitera le service, pourquoi le peintre, tout en étant associé avec des peintres, ne ferait-il pas aussi partie d’un groupe pour la production des couleurs dont il aurait besoin ? Et l’astronome, tout en s’associant avec d’autres individus pour observer ce qui se passe dans les profondeurs de l’espace, pourquoi ne pourrait-il pas s’associer avec un groupe d’opticiens pour la construction de ses objectifs ? Sachant manier