Page:Grave - La Société future.djvu/308

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Et, si l’homme évolue assez pour changer son milieu, pourquoi ne continuerait-il pas de progresser dans un milieu favorable à cette progression ?

En place de cette société férocement égoïste d’aujourd’hui, où, tous les jours, se dresse devant le travailleur exténué cette question terrible, bien souvent insoluble pour lui : « comment mangerai-je demain ? » en place de cette société où la « lutte pour l’existence » se poursuit sans trêve ni relâche, dans sa plus mauvaise signification, entre tous les individus, l’homme se trouvera dans une société large, sans oppression aucune, basée sur la solidarité des intérêts ; une société, enfin, où il aura la satisfaction assurée de tous ses besoins, n’ayant, en retour, que sa part d’activité à apporter.

Pourquoi les hommes ne s’entendraient-ils pas ? — Oui, l’homme est égoïste, oui, l’homme est ambitieux ! mais apprenez-lui que cet égoïsme a intérêt à se solidariser avec les autres égoïsmes, à se fondre avec eux au lieu de se poser contre eux en adversaire, et vous rendrez ainsi les individus solidaires. Brisez-leur entre les mains ce qui pourrait flatter leur ambition, satisfaire et entretenir leurs goûts de domination ; faites qu’ils ne puissent s’élever au-dessus de la foule pour lui imposer leurs volontés.

Et, de cette masse d’êtres qui, pris à part, ont tous les défauts d’une mauvaise éducation, héritage d’une société corrompue jusqu’à la moelle, il se dégagera des idées larges et généreuses, une abnégation et un enthousiasme qui font que l’on a vu dans les révolutions passées, des hommes en guenilles, monter la garde, l’arme au bras, devant les millions que l’im-