Page:Grave - La Société future.djvu/84

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tentions, émettre de très bonnes idées, et, de très bonne foi, les idées les plus absurdes, nous devons donc discuter les idées de nos contradicteurs et non leur sincérité.

Parce que nous avons vu que l’agitation légale ne pouvait aboutir à aucune solution, et que nous avons cherché à démontrer aux travailleurs qu’ils ne devaient pas perdre leur temps à ces amusettes, on en a conclu que nous étions les adversaires de toute amélioration temporaire dans le sort des travailleurs, et que nous avions pour but de les faire échouer. C’est encore là une erreur.

En cherchant à démontrer aux travailleurs qu’ils n’ont rien à attendre de la classe qui les exploite, que toute réforme incomplète n’est qu’un leurre, nous ne lui disons pas de la refuser si on la lui accorde, nous combattons seulement le raisonnement qui tend à lui faire considérer cette réforme comme le but à atteindre, comme capable, par elle-même d’opérer son affranchissement. Nous cherchons à lui éviter une déception et à rompre le cercle vicieux qui consisterait à le faire courir, toujours après quelque réforme nouvelle.

S’il était possible de mener les deux campagnes de front : travailler à l’obtention des réformes, et démonstration de leur impuissance, nous le ferions de grand cœur, car l’application des réformes serait la meilleure démonstration de leur impuissance, mais le raisonnement simpliste de la foule ne s’accommoderait pas de cette manière de procéder, et il n’a peut-être pas tort, voilà pourquoi nous sommes bien forcés de prophétiser sur l’impuissance des réformes, de combattre ceux qui voudraient nous endoctriner dans cette campagne, et d’attendre que les événe-