Page:Grave - La Société future.djvu/85

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ments nous apportent la démonstration de notre raisonnement. Ce qu’ils font tous les jours, du reste.

Si les distinctions étaient bien tranchées, si la société était divisée en deux classes : les exploiteurs et les exploités, peut-être cela en vaudrait-il mieux pour la diffusion de la vérité. Si les travailleurs n’avaient pas entre eux et leurs exploiteurs tous ces intermédiaires qui leur empêchent de voir clair et les Jettent dans l’hésitation avec leurs multiples argumentations, ça serait bien de la besogne d’épargnée à l’humanité, mais nous sommes bien forcés d’accepter — pour le combattre — ce qui existe.

Dans la société, dans la nature, il n’y a pas de type d’une seule pièce. Le poison le plus violent peut, pris à dose moindre, servir d’antidote, et si les partisans des réformes sèment l’erreur, ils contribuent, eux aussi, à discréditer l’organisation actuelle.

Pour éprouver le besoin de réformes nouvelles, il faut bien qu’ils aient constaté des irrégularités dans l’organisation sociale qu’ils veulent améliorer. Pour préconiser ces réformes, il faut bien qu’ils critiquent les irrégularités qu’elles sont chargées d’empêcher, et voilà comment la littérature, la science apportent leur quote-part de faits et d’arguments contre l’état social existant.


De ce conflit d’idées, se dégage, évolutivement un autre courant qui n’est peut-être pas encore tout acquis à l’idée de la Révolution, mais qui n’est déjà plus du parti d’expectative. La grande masse des individus est toujours portée à prendre la moyenne des idées, c’est une nouvelle raison pour les partisans du Progrès de ne pas avoir peur d’aller trop loin, et de