Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

loppement. Et leur raisonnement aurait été vrai si l’« Individu » se trouvait à l’état d’exemplaire unique. Ou, tout au moins, parqué sur une partie de la planète où il n’aurait à avoir de contact avec aucun autre individu de son espèce.

Vrais, tant que l’on ne raisonne que sur l’« individu », les arguments individualistes sont absolument faux lorsque, après avoir raisonné suffisamment sur des abstractions, on a à en revenir aux « faits » et à constater qu’il ne suffit pas de considérer l’« Individu » en lui-même, mais qu’il faut également l’envisager en tant que participant d’un groupe ou d’une association, sa formation ne lui permettant pas de vivre à l’état isolé.

Affirmer que l’individu n’a qu’à rechercher son propre bien-être, à ne s’occuper que de son propre développement, — tant pis pour ceux qui, sur sa route, lui sont une entrave, — c’était introduire, sous le couvert de l’anarchie, la théorie la plus férocement bourgeoise. Ces individualistes, tout en raisonnant abstraitement, étaient amenés, cependant, à constater que l’Individu n’est pas un être abstrait. Qu’à côté de leur abstraction, il existe des milliards d’exemplaires de leurs semblables qui, eux, sont bien réels ; mais ce n’était que pour les traiter en quantités négligeables.

Et ces théories, émises par quelques vaniteux ou détraqués, se croyant des « Surhommes », ne tardèrent pas à être appuyées par les « théoriciens » que nous envoya la Préfecture de Police, Martinet entre autres.

Cela commença par de simples exagérations de quelques-unes de nos idées sur les droits de l’individu. Nous proclamions son droit au bien-être, à être absolument libre, à avoir à sa disposition les moyens de se développer intégralement, selon ses possibilités. Les individualistes purs en conclurent que « l’Individu » avait droit à tout en vue de son développement, même à écraser ceux qui l’embarrassaient sur son chemin !

Aux discussions sur l’Individualisme, vinrent se greffer, toujours sous l’inspiration des agents provocateurs, les questions de fausse-monnaie, de cambriolage et de « maquerellage ». Comme je traite ces questions à part, je ne m’y arrêterai pas ici.