Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/54

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ble pour trois mois seulement, qu’il devait faire renouveler à expiration.

Lorsque sa compagne fut arrivée, il eut la visite presque journalière des policiers qui venaient le relancer, pour qu’ils fissent régulariser leur situation, la pudique Helvétie ne pouvant pas tolérer que des gens se missent en ménage sans approbation du maire. On menaçait de les expulser. Je crois qu’à la fin ils durent céder.

Grâce aux relations que j’avais eues, comme secrétaire du Groupe des Ve et XIIIe, je réussis à donner de l’extension au journal.

Des camarades de France se chargèrent d’en placer des numéros. Il vint également quelques abonnés. Bref, en peu de temps je tirai à 3 000 au lieu de 1 500.

Mais cela allait trop bien. Quelques mois après mon arrivée à Genève, le Gouvernement français interdit l’entrée du Révolté en France.

J’essayai de le faire passer dans des journaux bourgeois locaux, mais la surveillance était bien assurée, tous les exemplaires furent confisqués.

Gross, un autre camarade suisse qui fut excessivement utile à la propagande, nous avait bien trouvé un gradé de l’octroi qui s’offrait à nous le faire passer en France, mais le prix qu’il demandait revenait à 0,10 l’exemplaire, le prix que nous le vendions. C’était hors de nos moyens.

Heureusement, des camarades de Roubaix me proposèrent la combinaison suivante : j’adresserais les colis à un village voisin de la frontière ; là, les camarades iraient les chercher et s’arrangeraient pour leur faire passer la frontière et les expédier aux adresses que je leur enverrais.

Cela marcha admirablement pendant quelque temps, sauf que, parfois la police saisissait les exemplaires chez les libraires qui les mettaient en vente.

Mais il arriva pis. Un jour, le camarade Petoux, qui se préparait à franchir la frontière avec son chargement, fut interpellé par les douaniers. Deux des camarades qui l’accompagnaient lâchèrent leur paquet et prirent la poudre d’escampette. Petoux fut arrêté et écroué au poste des douaniers. Comme s’il s’était agi d’un criminel, on le