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EN FLORIDE

de viande fraîche et de poisson ; mais notre homme n’avait pas été guidé par cette considération en faisant son prix. On nous donna du pain, surtout du pain de maïs, du gruau, du riz, des œufs, des poulets, du lard, de la viande en boîte, des patates, des huîtres, de la laitue, des radis, du café, du thé, et de la conserve de lait : j’allais oublier de vous nommer le beurre. J’ai déjà dit qu’il est impossible de se procurer du lait frais ; par conséquent tout le beurre en usage est salé et emporté dans ce climat chaud par les commerçants du Nord. Il est facile de s’imaginer le goût rance que prend ce beurre. J’ai acquis là un dégoût tellement prononcé pour le beurre, que j’ai été longtemps depuis sans pouvoir y toucher, qu’il fût frais ou salé, et je pense bien que j’ai été, pour cette raison, moins sujet aux maladies bilieuses. Nous avions la même pièce pour chambre à coucher, mais un lit pour chacun de nous, c’est-à-dire pour mon compagnon de voyage, les deux frères propriétaires et pour moi. Comme nous nous donnions beaucoup d’exercice, nous nous couchions peu de temps après les poules, mais nous étions sur pied de bonne heure le matin.

L’aîné des frères me dit que tout le temps qu’il avait vécu dans le Nord, il avait été la victime d’un asthme invétéré, et que, presque toujours après les attaques fréquentes du mal, il était obligé de passer ses nuits blanches debout dans de grandes souf-