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UNE BALEINE

Je pris le jeune homme par les deux épaules et le fis asseoir.

Après quelques minutes de repos, il fut en état de me faire comprendre qu’à vingt-quatre milles en bas de Québec, et à cent milles de l’eau salée, l’équipage avait trouvé une grosse baleine échouée sur une batture sablonneuse, que le steamer avait viré de bord remorquant avec lui cette baleine, et que le capitaine désirait me voir.

Je m’habillai et descendis au quai où je trouvai le capitaine se donnant des airs importants, et paraissant soucieux à l’endroit de cette capture. Je le priai de s’asseoir et de m’expliquer tout ce que cela voulait dire.

« Eh bien ! monsieur, dit-il, faisant de suite appel à mes sentiments de générosité, sans doute vous êtes le maître et vous pouvez faire ce que vous voulez, mais j’espère que vous ferez ce qui est juste et raisonnable, et que vous m’accorderez une part de cette prise ; c’est toute une fortune, voyez-vous, et pareille chance ne m’arrivera peut-être jamais ; vous et moi pouvons retirer de cette baleine d’immenses bénéfices, et même allouer à l’équipage une part de la prise.

« Voulez-vous que nous partagions également dans les profits et les dépenses ? Je suis prêt à payer ma part. Je ferai ce qu’il faut, et j’espère qu’en cette circonstance, vous aurez égard à mes intérêts.