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UN OISEAU SANS PLUMES

scientifique de cette fleur, me demanda s’il existait d’autres espèces de la même famille en Amérique. Cette question était de nature à ajouter à mon embarras, et je dus avouer que mes connaissances en botanique n’étaient pas assez étendues pour me prononcer sur un tel sujet. Un profond silence s’ensuivit jusqu’au moment où, jetant les yeux sur des rochers voisins, il me demanda si je pouvais lui dire de quelle formation ils étaient. Évidemment, me dis-je, je ne suis pas l’homme qu’il faut pour entretenir de tels savants. Et ma réponse, en fait de géologie, ne fut guère plus heureuse que la précédente.

Tenant cependant à établir mes titres à des connaissances de quelque nature, je me tournai vers le duc, et lui dis d’abord, qu’en Amérique, le nombre des personnes qui consacraient leur temps à des études scientifiques étaient très restreint. « Pourquoi cela, demanda-t-il ?  »

« Parce que cela ne paie pas ; et, dans ce pays-ci, chacun a besoin de tout son savoir et de toute son énergie pour faire de l’argent ; et l’homme de science a bien peu de chance d’arriver à la fortune. Cependant, ajoutai-je, Votre Grâce ne doit pas se former une opinion du degré de connaissances des habitants de ce pays par mon ignorance de la botanique et de la géologie. Nous nous efforçons tous d’acquérir quelques connaissances particulières dans les arts