Page:Grenet, Mémoire sur les moyens de conserver la pomme-de-terre sous la forme de riz ou vermicel, 1794.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
( 35 )


Enfin, si on ne veut pas faire pisser des cordes dans les chassis, pour les avoir isolés, et pouvoir, à volonté, en placer six à sept les uns sur les autres, soit sur la tablette d’un poêle attenant ou ailleurs, il faut y ajouter des pieds faits avec des bouts de baguette, auxquels il suffit de donner deux pouces de hauteur. J’ai chez moi de ces chassis ainsi préparés ; on peut venir les voir. (Voyez la figure 6.)

(11) On ne doit cependant pas confondre l’art sensuel et recherché de la cuisine du riche, avec le talent d’apprêter chez soi avec économie les alimens les plus ordinaires, et c’est à cette occasion que le citoyen Cointereau[1], rue du faubourg Honoré, nous a donné, dans un ouvrage périodique dont il est l’auteur, plusieurs procédés simples et faciles d’apprêter la pomme-de-terre de diverses manières ; il recommande, même « d’avoir toujours chez, soi de la pulpe de cette racine toute cuites, pilée et roulée avec un peu de farine, pour en faire différens mets à toute heure et à tout moment ».

Au lieu de piler la pomme-de-terre, il est bien plus simple de la passer dans une de mes filières, et elle sera toute préparée pour en faire des rissoles ou beignets de pulpe.

(l2) Parmentier et Cadet Devaux ont parlé de ceste mixtion, mais ils ne paroissent pas y mettre une grande importance.

(13) Des particuliers du genre de ceux qu’on ne peut jamais satisfaire, auroient voulu que ce procédé leur offrit, dans leur ménage, celui de faire une grande quantité de ria de pommes-de-terre à-la-fois ; ils auroient presque dit « sans soins ni peine ». Il est de certaines choses fabriquées dont on ne peut se procurer la quantité qu’en répétant à l’infini le même moyen. On ne fait pat une rame de papier à l’instant, il faut que chaque feuille soit fabriquée l’une après l’autre.

(l4) Le sel pourroit, par suite, attirer l’humidité aux pommes-de-terre que l’on veut conserver long-tems par la dessication ; et c’est sans doute par cette appréhension que l’on se dispense d’en mettre dans le biscuit de mer. J’ai éprouvé le moyen indiqué par les différens auteurs que je viens de citer, de couper, après leur cuisson, les pommes-de-terre par rouelles, pour les soumettre ensuite à la dessication ; et il m’a parfaitement réussi. Si on destine ces tranches pour être réduites en farine

  1. C'est cet auteur qui a imaginé la construction d'un four économique. Il seroit, je pense, très-propre à la dessication des pommes-de-terre,