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Page:Grenier - Souvenirs littéraires, 1894.djvu/22

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Il m’interrogea assez longuement ; je lui répondis de mon mieux. Il paraît que l’examen tourna en ma faveur, car, après une causerie de plus d’une heure, il se leva en me disant qu’il était le baron d’Eckstein, l’ami de M. de Lamartine, qui l’avait prié de l’aider à reconstituer ses légations d’outre-Rhin, en lui trouvant des jeunes gens sachant l’allemand et connaissant l’Allemagne : « Je viens de sa part, ajouta-t-il, vous demander si vous voulez bien faire partie de cette nouvelle diplomatie républicaine. On lui a parlé de vous avec éloge, et je vois qu’on ne l’a pas trompé. Allez le voir demain au ministère ; je le préviendrai de votre visite ; il sera heureux de vous voir. »

Je dis au baron d’Eckstein combien cette ouverture me faisait plaisir, puisqu’elle réalisait un de mes vœux les plus chers, et le lendemain je me rendis au boulevard des Capucines : on devine avec quelle émotion et dans quels sentiments.

On se ferait difficilement une idée de l’aspect de Paris à cette époque. Tout était en ébullition. Le Gouvernement provisoire siégeait en permanence à l’Hôtel de Ville, et Lamartine, qui en était l’orateur acclamé et sans cesse réclamé, avait à peine le temps dans la journée de passer une heure ou deux à son ministère, situé alors boulevard des Capucines. Je le trouvai dans un de ces moments de répit. Il me reçut sur-le-champ, me