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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/112

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« La jonglerie a été instituée par des hommes de science et de savoir pour divertir la noblesse et lui faire honneur par le jeu des instruments. Aussi les nobles seigneurs ont-ils eu des jongleurs à leur service et en ont-ils encore par bienséance. Puis vinrent les troubadours pour raconter les hauts faits, louer les preux et les enhardir dans leurs prouesses ; car qui ne peut les faire peut les juger, et celui qui sait ce qu’elles doivent être n’est pas tenu de les accomplir. Ainsi commença la jonglerie et chacun vécut à son plaisir chez les nobles[1]. »

La vie joyeuse et facile des ménestrels, les présents qu’ils recevaient, l’estime dont ils jouissaient, en fit tellement augmenter le nombre, que Philippe-Auguste les chassa. Mais ils ne tardèrent pas à rentrer dans le royaume et s’organisèrent sous le nom de Menestrandie. C’est à cette époque que fut instituée la royauté des ménestriers.

VII

Roquefort, à qui nous empruntons la plupart de ces renseignements, dit : « L’art de la jonglerie ou de la menestrandie fut alors divisé en quatre espèces de talents. Les trouvères ou fabliers composoient les romans, les fabliaux, etc. ; ils mettoient en rimes les sujets que les chantères exécutoient. L’un étoit poète, et l’autre acteur-musicien ; quelquefois, ils réunissoient ces deux arts. Les conteurs débitoient les productions des fabliers et faisaient en rime ou eu prose les récits et les contes. On a quelquefois même confondu les historiens sous ce nom. On nommait chantères ou ménestriers les musiciens dont le métier étoit de chanter et de jouer des instruments. Les jongleurs, qui jouoient aussi d’un instrument, étoient une sorte de

  1. Diez. Poésie des Troubadours.