Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/141

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viole, à moins toutefois que la statue, sinon le portail, ne soit postérieure au xve siècle.

En 1407, la corporation rédigea de nouveaux règlements qui furent confirmés par lettres patentes du 21 avril de la même année. Ces nouveaux statuts, dans lesquels les ménétriers se disent pour la première fois joueurs des instruments tant hauts comme bas, reproduisent en grande partie les anciens.

En ce temps-là, les chefs de tous les corps de métiers étant pompeusement décorés du titre d’empereur, de roi ou prince, la corporation des ménétriers ne pouvait moins faire que de s’offrir aussi un roi, et ce premier haut fonctionnaire musical fut probablement Pariset, dit ménestrel le roy dans les statuts de 1321. Nous disons, probablement, parce que la première charte connue où il est fait mention d’un roi des ménestrels date de l’année 1338 ; elle commence ainsi : « Je, Robert Caveron roy des menestrels du royaume de France[1]. » Plus tard, cette charge fut désignée sous ce titre : « Roy et maistre de tous les menestriers et tous les joueurs d’instrumens tant haut que bas du royaume ». Il était préposé à la police du jeu des instruments et jugeait de l’aptitude des candidats à la maîtrise, qu’il devait reconnaître comme souffisans, dit l’article 5 des statuts de 1407. Il était en même temps le roi des maîtres à danser du royaume, parce que les joueurs de viole, de violon et de rebec, enseignaient généralement la danse ; mais il vint un temps où les danseurs s’érigèrent en Académie, et refusèrent de se soumettre à son autorité. Le roi des ménestrels ne se nommait pas à l’élection, cette dignité était un office de la Maison du roi, conféré par lui, et qui fut de tout temps géré par un musicien de la cour.

  1. Il est parlé d’un Jean Charmillon, roi des jongleurs de la ville de Troyes, en 1296 (du Cange, Glossaire). Mais rien n’indique que cet office soit identique avec celui qui est sorti de la corporation des ménétriers ; dans tous les cas, l’autorité attachée à la charge n’était pas la même.