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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/121

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Stradivari reçut la lettre que voici, le 7 juillet 1716, de Lorenzo Giustiniani, patricien de la République de Venise :

« Venise, palais Giustiniani, Campiello dei Squellini.

« On répète de toutes parts qu’il n’existe point aujourd’hui dans le monde entier un seul fabricant d’instruments de musique qui soit aussi habile que vous. Désirant posséder personnellement un souvenir d’un homme si illustre et d’un artiste si fameux, je vous écris pour vous demander si vous pourriez me faire un violon à la fabrication duquel vous emploieriez tous vos talents, afin de faire le meilleur instrument et le plus beau qu’il vous soit possible. »

Arisi termine son manuscrit par ces mots :

« On peut voir par ce que j’ai écrit à quel degré d’excellence Stradivari a élevé son art. »

Fétis dépeint ainsi Stradivari et indique le prix qu’il vendait ses violons :

« Palledro, ancien premier violon de la Chapelle royale de Turin, mort il y a peu d’années dans un âge très avancé, rapportait que son maître avait connu Stradivari, et qu’il aimait à parler de lui. Il était, disait-il, de haute stature et maigre. Habituellement coiffé d’un bonnet de laine blanche en hiver, et de coton en été, il portait sur ses vêtements un tablier de peau blanche lorsqu’il travaillait, et comme il travaillait toujours, son costume ne variait guère. Il avait acquis plus que de l’aisance par le travail et l’économie ; car les habitants de Crémone avaient pour habitude de dire : Riche comme Stradivari. Le vieux La Houssaie, que j’ai connu dans ma jeunesse, et qui avait visité Crémone peu de temps après la mort de Stradivari, m’a dit que le prix qu’il avait fixé pour ses violons était quatre louis d’or[1]. »

  1. Fétis. A. Stradivari, p. 76.