Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Stradivari produisit un nombre considérable d’instruments de tous genres : violons, violes, altos, violoncelles, etc., répandus aujourd’hui dans le monde entier, et que les artistes et les amateurs se disputent à prix d’or.

Le musée instrumental du Conservatoire de musique, à Paris, en possède quatre, qui sont :

Un violon de 1699, un longuet beau et sonnant bien, qui a été légué par M. le marquis de Queux de Saint-Hilaire[1].

Un autre violon portant la date de 1708[2] et par conséquent de la belle époque, lequel est remarquable par l’élégance de ses formes et la beauté de son vernis rouge doré. Il appartenait au général Demidoff, qui en a fait don au musée.

Une grande pochette, un vrai bijou, faite en 1717[3], Tarisio[4] l’apporta en France et la céda à Silvestre, le luthier lyonnais, qui la vendit à L. Clapisson. Celui-ci composa, spécialement pour cet instrument, une gavotte qui fut jouée avec un énorme succès par Croizilles, dans Les trois Nicolas, opéra-comique en trois actes, que l’auteur de La Fanchonnette écrivit pour les débuts du ténor Montaubry.

Une guitare, sans date[5], dont la belle rosace qui en décore la table est entourée d’un filet en marqueterie semblable à celui du violon de 1677, que nous avons reproduit dans ce volume, page 92.

Ainsi qu’on l’a vu plus haut, Stradivari mourut le 18 décembre 1737, à l’âge de quatre-vingt-treize ans. Il fut inhumé dans l’église San Domenico, dans la chapelle du Rosaire, la troisième à droite, presque en face de sa demeure. Cette église, qui tombait en ruine, fut démolie

  1. N° 1008, 1er sup. du catalogue.
  2. N° 1009, id.
  3. N° 117 du catalogue, Paris, 1884.
  4. Tarisio était une sorte de brocanteur ambulant, qui avait une grande connaissance des instruments anciens. Il parcourait l’Italie en tous sens et ramassait ce qu’il trouvait de mieux, le plus souvent pour des sommes très minimes. C’est lui qui alimenta le marché de Paris et de la province de 1827 à 1854, époque de sa mort. J.-B. Vuillaume acheta 250 violons, altos et violoncelles à ses héritiers pour 80 000 francs. Dans ce lot se trouvait le Messie, etc.
  5. N° 272, catalogue 1884.