Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceux-ci par des violonistes (deuxièmes et troisièmes), on désigna de même les nouveaux venus par la force de l’habitude. Du reste, cela n’offrait aucun inconvénient, car les qualificatifs de « haute-contre » et de « taille » s’appliquaient bien plus aux parties elles-mêmes qu’aux instruments sur lesquels on les exécutait.

Quant à la dénomination de « quinte », nous estimons qu’elle appartient plutôt à la quinte de violon, ou alto, qu’aux violes, voici pourquoi :

Les noms donnés aux violes ont trois origines différentes. Ce sont d’abord ceux des voix du même registre : dessus, pardessus, haute-contre, taille, alto, ténor[1], baryton, basse et double-basse ; puis d’autres selon la manière de les tenir, tels que : « viola a braccio », « viola a spalla » et « viola a gambe » ; enfin quelques uns de spéciaux, comme : viole d’amour, viole-lyre et « viola pomposa ». Mais dans cette longue énumération, on chercherait en vain un nom emprunté à un intervalle quelconque : tierce, quarte, quinte, etc. La cause en est, selon nous, dans l’irrégularité de l’accord des violes, que chacun réglait à son gré, pour sa plus grande commodité.

Tandis qu’avec le violon, l’accord fut régularisé et devint uniforme sur l’instrument type et sur ses dérivés, où les cordes sonnent toujours à un intervalle de quinte l’une de l’autre, sauf pour la contrebasse, qui conserva un accord variable, afin de rendre plus facile l’exécution de certains traits rapides.

Il était donc tout naturel que le violon contralto, accordé à une quinte fixe, au-dessous du violon, prît le nom de cet intervalle ; nom que l’on n’aurait pu donner à une viole, dont l’accord n’avait rien de régulier.

Quoi qu’il en soit, il y avait un altiste dans la Musique de la reine, en 1683 : c’était « Fossart, joueur de quinte de

  1. Agricola donne les noms d’alto et ténor à deux « geige « ou violes allemandes de taille moyenne. Voir t. I, p. 193.