Page:Griolet - Du mécanisme de la cicatrisation dans les parties molles.djvu/43

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que ce n’est pas une membrane, c’est la manière dont lus bourgeons charnus se développent.

Accroissement des bourgeons charnus. — L’accroissement des bourgeons charnus est un fait incontestable. La théorie de la régénération des chairs avait ce phénomène pour point de départ. Bien que certains auteurs aient avancé que cet accroissement n’était que fictif, que c’était les bords cutanés qui s’affaissaient et se mettaient au niveau du fond de la plaie, on n’a pu faire changer l’opinion sur un fait aussi évident et qu’il est si facile de prouver. Cet accroissement est continu, du moins au commencement, et les bourgeons subissent une augmentation progressive ; il s’opère par une production continuelle de nouvelles cellules, retenues, agglutinées par la substance fibrineuse sans cesse renouvelée : c’est une véritable végétation qui se produit à la surface des plaies.

À mesure que les éléments nouveaux sont recouverts par d’autres plus récemment formés, qu’ils s’éloignent de l’époque de leur naissance, ils se modifient de plus en plus, et tendent à revêtir des caractères définitifs : les cellules s’allongent, s’aplatissent progressivement ; la substance intercellulaire se solidifie de plus en plus. De sorte que si l’on venait à opérer la section d’un tissu bourgeonnant assez épais, on pourrait observer sur la coupe les diverses phases de transformation que parcourt le jeune tissu pour devenir tissu définitif ; mais on y chercherait en vain la présence d’une membrane fausse ou vraie.

Le phénomène de l’accroissement, constaté et admis par tout le monde, n’avait pu recevoir pendant longtemps aucune explication plausible. Ce ne fut qu’en 1854 que M. Laugier (Mémoires de l’Académie de médecine) démontra que cet accroissement se produisait par la stratification de