Page:Griolet - Du mécanisme de la cicatrisation dans les parties molles.djvu/49

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tion, on est tout naturellement porté à croire que le mécanisme qui préside à leur guérison est essentiellement différent. Cette différence n’est qu’apparente, que physique, pour ainsi dire. Dans un cas, les phénomènes s’opèrent entre deux surfaces juxtaposées ; dans l’autre, ils se produisent sur une surface libre ; mais ils restent les mêmes. En effet, une plaie suppurante est couverte de bourgeons constitués par des anses vasculaires dont les intervalles sont remplis de corpuscules conjonctifs. Dans une plaie en voie de guérison par première intention, mais non encore consolidée, on voit partir des bords de la plaie des anses vasculaires qui se dirigent vers celles du bord opposé, sans s’y réunir, et dont les intervalles sont aussi comblés par du tissu de nouvelle formation. Si, par un tiraillement exercé sur ses bords, on vient à rouvrir cette plaie, on se trouvera en présence d’une surface granuleuse pareille à la première et qui entrera bientôt en suppuration.

Puisque d’une plaie guérissant par première intention on peut faire immédiatement une plaie suppurante, on doit pouvoir opérer l’inverse et faire cicatriser rapidement une plaie suppurante dont on aura rapproché les bords. Si l’on vient, en effet, à juxtaposer les deux moitiés d’une surface granuleuse, on pourra parvenir à les faire adhérer et à en obtenir la guérison. On réussit très rarement, il est vrai, parce qu’il faut que le contact soit très intime pour que la suppuration ne puisse continuer ; mais la chose n’est pas impossible. Le mécanisme sera le même que celui par lequel s’opère la cicatrisation primitive. La substance gélatineuse qui s’exhale constamment à la surface de la plaie pour y retenir les jeunes cellules, agglutinera les deux bords mis en contact, et la prolifération cellulaire d’un côté fusionnera avec celle du côté opposé :