Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/47

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sont celles des sculptures, les armes et les engins de pêche n’ont pas varié. On retrouve les bijoux d’autrefois aux oreilles et au cou des femmes des rizières. Les mêmes bouffons précèdent les cortèges. On pèse le riz avec les mêmes poids et dans les mêmes balances. La flûte à huit trous, les cymbales, les conques et les tam-tams d’il y a dix siècles sont encore de toutes les fêtes. Mais ce peuple, tel un grand reptile saisi d’un froid éternel, reste dans sa torpeur et l’écroulement de ses temples. Sans volonté, sans pensée, sans métamorphose, ne reconnaissant pas les édifices où se célébraient les cultes d’adoration, il se traîne aveuglément dans les sentiers séculaires dont son corps raidi ne peut épouser que les formes. Et la femme qui se coiffait, hier, dans le sampan avec les apparences des antiques princesses dont elle est fille, sait à peine qu’elle se rend vers les ruines de son passé.