Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/99

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ajouté à ce développement intense des arts que j’ai indiqué sommairement prend une signification qui doit nous laisser rêveurs, s’il nous vient à l’idée de comparer notre état actuel à celui qui florissait déjà au Cambodge, alors que Saint-Louis régnait en France.

Manger avec notre main droite ainsi que le Cambodgien, ne nous semblerait pas un geste barbare, mais bien le seul vrai geste possible et nécessaire à la satisfaction rapide d’un besoin. Nous n’aurions pas de fourchette — d’ailleurs il n’y a pas si longtemps que nous nous en servons, — mais cette main droite, purifiée dans l’eau claire et véritable auxiliaire de notre esprit et de nos yeux, serait capable d’édifier la maison et de l’orner, afin que notre vie unie, paisible, s’y écoulât conformément à nos aspirations.

Il y a très peu de temps, tout Cambodgien faisait encore un stage de quelques années à la bonzerie. Là, dans la retraite et la méditation, la lecture des satras [1], dans la connaissance des merveilles de la mythologie, sa jeunesse se terminait. Quittant

  1. Satras : récits, prières, etc… et aussi les feuilles de latanier sur lesquelles ils sont gravés.