Page:Grotius - Le Droit de la guerre et de la paix, tome premier, trad. Pradier-Fodéré, 1867.djvu/12

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exactitude. Ce ministre de la cour de Suède avait la conscience des devoirs d’un traducteur. « La traduction, disait-il excellemment, est la même chose que l’enluminure. Il ne suffit pas, pour bien enluminer, de suivre l’estampe et de rendre espèce pour espèce, c’est- à-dire de ne pas faire un homme pour un arbre ; il ne suffit pas de démêler les choses qui se perdent les unes dans les autres;... il faut encore suivre la pensée du graveur, garder partout son économie, afin que l’œil voyant beauté pour beauté, croie voir au naturel les choses mêmes qu’il ne voit que sur le papier... » « C’est pour cette raison, ajoutait-il, que l’on a voulu se tenir près de l’auteur, et comme le suivre pas à pas, autant que l’a pu permettre le génie de notre langue ;... on a voulu conserver autant qu’il se pourrait le caractère de l’auteur, ce qui est même de l’essence de la traduction; afin que ceux qui là liraient eussent toujours devant eux l’auteur même et non pas le traducteur. »

Barbeyrac, dans le siècle suivant, tenait un tout autre langage. « Je ne parle pas des transitions, disait-il, qu’il a fallu souvent suppléer... Mais il y avait quelquefois di’s pensées mal rangées que je pouvais transposer saus aucun inconvénient... Aussi ai-je trouvé des transpositions à faire dans des endroits où les choses étaient mal rangées;... il y en a même quelques-uns de ceux- ci... dans lesquels/ai été obligé ou de transporter certaines pensées d’un paragraphe à l’autre, ou De Transposer Des Paragraphes Entiers: au lieu que partout ailleurs, les périodes dont l’ordre a été changé, se trouvent toutes dans un même paragraphe. C’est pourquoi, comme il est facile à ceux qui voudraient comparer la version avec l’original, de s’apercevoir des transpositions qui ne s’étendent pas au delà d’un si petit espace