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PRÉPARATIFS DE BATAILLE
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dominée, possédée, par le dur orgueil ethnique, sorte de fanatisme entier et hautain qui la rendait agressive contre tout sentiment, toute action de qualité française. Lantagnac avait pu, tout récemment encore, mesurer l’obstination implacable de Maud. Ce jour-là il était question de prendre à leur service une nouvelle fille de chambre ; il avait osé demander :

— Parlera-t-elle français, celle-ci ?

La figure subitement empourprée, Maud avait froncé les sourcils, et répondu sèchement :

— Je croyais, Monsieur, que ces choses ne regardaient que moi seule.

La fille de chambre arriva le lendemain ; elle ne parlait qu’anglais.

Après les menaces peu déguisées sur lesquelles avait pris fin leur première entrevue, Lantagnac pouvait-il l’ignorer ? Maud serait capable de se porter à tous les excès. S’il osait parler le 11 mai, de nouveau elle se croirait méconnue, provoquée et, sans le moindre doute, ce serait entre eux la séparation, le partage des enfants avec tout ce qu’il entraîne de disputes et de froissements douloureux ; ce serait les cancans du public toujours pressé de greffer des incidents passionnels sur ces drames de famille.

— Mais alors, reprenait Lantagnac, devrai-je m’abstenir, annoncer à Landry que je ne puis accepter ?

Et il songeait tout de suite qu’une abstention dans les circonstances voulait dire sa mort