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L'APPEL DE LA RACE

— « Ô Jésus chargé de la croix, supplia-t-il à mi-voix, donnez à cette âme en détresse, lumière et courage ».

L’adjuration du religieux fit se redresser Lantagnac. Le Père s’était relevé. Tourné vers son dirigé, il lui disait maintenant avec l’accent de la plus grande mansuétude :

— Mon ami, si vous saviez comme je comprends vos déchirements. Peu d’hommes, dans la vie, voient venir le devoir hérissé de duretés aussi tragiques. À cette heure toutefois, je le devine, plus que le souci de votre tranquillité et de votre bonheur, une pensée vous oppresse : celle de vos enfants. Plus encore que leur âme française, vous voulez sauver leur foi catholique. Demain, Lantagnac, si vous optez, comme je l’espère, pour l’héroïsme, souvenez-vous de la recommandation que je vous fais : ne manquez pas d’offrir pour vos enfants votre sacrifice.

Et le religieux eut dans la voix un accent inspiré pour ajouter :

— Mon ami, le plus grand service que l’on peut rendre à une cause, c’est encore de souffrir surnaturellement pour elle.

Lantagnac tomba à genoux à son tour.

— Mon Père, dit-il, bénissez-moi et priez beaucoup pour moi. Moi-même, je m’en vais encore beaucoup réfléchir et beaucoup prier.

Il inclina la tête et, les mains jointes pour une ardente supplication :