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L’APPEL DE LA RACE

— Virginia entre en religion. En attendant, elle a demandé à suivre sa mère, pour quelques jours. — Ah ! père, quelle infortune pour vous et pour nous tous !

— Oui, reprit Lantagnac, très abattu ; après cette séparation pire que la mort, il ne me reste plus à moi — c’est le mot du Père Fabien — : qu’une fiancée peut-être : la cause à laquelle je donnerai désormais ma vie.

Puis, tout de suite, regardant son fils dans les yeux, il ajouta avec une supplication pathétique dans la voix :

— Et je n’ai plus ici-bas qu’une espérance, une seule : voir mon fils aîné, te voir, toi, mon Wolfred, me revenir avec ton âme redevenue française.

Wolfred baissa les yeux un instant, puis les relevant pleins d’un éclair ardent, il dit :

— Eh bien, mon père, fêtons ensemble ce retour. C’est chose déjà faite. Lantagnac ouvrit ses bras.

— Non, mon père, dit Wolfred, pas ainsi, mais à genoux. Et donnez-moi votre bénédiction, celle qu’au jour de l’an je n’ai pas eu le courage de vous demander. C’est par elle que je veux rentrer dans la tradition de ma race.

Lantagnac, incapable d’articuler une parole, mit les mains sur la tête de son fils. Wolfred se releva. Son père le fit asseoir bien en face de lui. Et alors, un peu remis de cet