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L’APPEL DE LA RACE

N’est-elle pas enseignée partout dans nos écoles et très efficacement, si j’en crois le témoignage de vos propres inspecteurs ? Pourquoi alors cette guerre à mes compatriotes, lorsqu’ils demandent, qu’outre la langue anglaise, on leur laisse apprendre le français, leur langue maternelle et langue officielle de tout le Canada, au même titre que l’autre ? Car voilà bien un autre de vos oublis, mon cher confrère, continua Lantagnac qui s’animait peu à peu : la langue française n’est nulle part étrangère en ce pays. Si je m’en rapporte à l’histoire et au droit, nous sommes ici dans un pays bilingue, bilingue par sa composition ethnique, bilingue par sa charte fédérative. Et il serait temps qu’on s’avisât, une bonne fois, dans votre camp, qu’en 1867 quelque chose s’est passé en ce pays et que les Canadiens français n’ont pas à demander tous les dix ans la permission de respirer.

— Oh ! vous simplifiez étrangement le débat, mon cher beau-frère, reprit l’Irlandais, railleur. C’est une de vos habitudes de grand avocat. D’où vient, si le problème est si simple, d’où vient que vous avez contre vous, non seulement les fanatiques, les orangistes, mais encore tout l’élément catholique irlandais ? D’où vient ?

— D’où vient ? dit Lantagnac. D’abord je retiens que cette unanimité des vôtres contre nous, c’est vous qui l’affirmez, Duffin. Moi, j’aime mieux compter avec gratitude ceux de vos chefs qui noblement sont accourus à la rescousse des