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LE CHOC SAUVEUR

opprimés. Si après cela l’alliance dont vous parlez existe, eh bien, il reste qu’elle est une énigme et une honte contre un peuple de frères.

— Ah ! oui, reprit Duffin qui s’enflamma de nouveau, ah, oui, je vous vois venir. Mais, allez-y donc. Le typhus ! la Grosse-Île, n’est-ce pas ? Nos prêtres, nos religieuses martyrs pour secourir les pauvres émigrés, nos habitants recueillant partout les orphelins de l’Irlande ! Allez-y donc, mon cher. Il y a si longtemps qu’on ne l’a pas entendue cette litanie !

— Pardon, interrompit Lantagnac qui cessa de manger, stupéfait et triste, pardon ; je ne me proposais nullement, mon ami, de vous rappeler ces souvenirs. C’est un argument, du reste, dont mes compatriotes, quoi que vous en disiez, n’ont pas l’habitude d’abuser. « Peuple de frères », Duffin, voulait seulement dire dans ma bouche : peuple catholique. Car enfin nous avons la même foi. Et si vos chefs avaient à se plaindre de nous, avaient à se plaindre de nos écoles, pourquoi ne pas traiter avec nos chefs à nous ? Pourquoi ces machinations dans les ténèbres ? Pourquoi cette alliance avec les pires ennemis du catholicisme pour écraser une minorité de Français catholiques ? Ou je me trompe fort, ou ce sera demain le grand scandale de l’histoire.

Duffin ne répondit point. Lantagnac continua, visiblement ému, d’une voix qui, malgré lui, s’était élevée peu à peu jusqu’à l’ampleur oratoire :