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mes mémoires

heure, jeunes apôtres de l’Association. De gré ou de force, l’on s’en viendra vers cette jeunesse qui s’est emparée de tous les faisceaux de lumière, de toutes les puissances d’action, et qui nous arrive avec l’ardente volonté de continuer notre histoire à ses pages les plus catholiques et les plus françaises.

Ce beau destin, ces jeunes gens — ou du moins une élite d’entre eux — l’ont peut-être voulu. Mais d’autres ont foulé aux pieds le magnifique espoir. Et l’œuvre est aujourd’hui à recommencer.

Publication d’ Une Croisade d’adolescents

1912 ! année de la publication de mon premier volume et qui va encore me projeter quelque peu à l’extérieur. J’avais ébauché Une Croisade d’adolescents, ai-je rappelé, sur mon lit de malade à Fribourg. J’en avais dressé le plan, esquissé quelques chapitres. De retour à Valleyfield, en possession des archives de la Croisade, l’idée me ressaisit d’écrire l’histoire de mes premiers petits croisés. En l’âme de tout collégien, je voulais tant susciter un type d’apôtre, un passionné des causes religieuses et nationales. Pour cette œuvre, je n’en fais pas mystère, je voulais tout autant passionner mes frères, les éducateurs. Au cours de mes rencontres avec mes collègues des autres collèges, ma petite entreprise de 1901 s’était heurtée à tant de scepticisme. Combien peu croyaient à la possibilité d’élever la jeunesse vers ces hautes formes de vie, vers cet idéalisme surnaturel. À Rome et à Fribourg, qu’il m’avait fallu de temps, par exemple, pour y convertir mon ami Lebon ! Je me mets donc à l’œuvre. Je ne m’en cache point : j’avais pour dessein d’aider l’Association de la Jeunesse en sa propagande dans les collèges. Ce qu’avait accompli à Saint-Hyacinthe, l’abbé Émile Chartier, d’autres, à Sainte-Thérèse, à Rigaud, à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, ailleurs, et moi-même à Valleyfield, il me paraissait opportun qu’on le sût. Des maisons d’éducation dirigées par des prêtres ou des religieux ont pour mission formelle, pensions-nous, de former d’autres types d’hommes que des arrivistes ou des catholiques par accident, catholiques individualistes et de pratique routinière. Un