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deuxième volume 1915-1920

toutes les funérailles de ses paroissiens quels qu’ils soient. Même fidélité en ses visites aux malades ; personne ne meurt dans la paroisse sans avoir reçu la visite du curé. Ce qui n’empêche pas cet homme actif de donner son coup d’épaule à toutes les œuvres ou mouvements qui viennent le solliciter et qu’il juge méritants. Le plus admirable, c’est qu’en sa paroisse, il ait su créer un profond et puissant esprit de famille. Il avait redonné vie à un type d’entité paroissiale devenue rare dans les grandes agglomérations urbaines : type de la cellule religieuse où le curé, pasteur et père, rallie ses fidèles dans le sentiment d’une authentique parenté. La paroisse du curé Perrier porte canoniquement le vocable du Saint-Enfant-Jésus ; mais pour les paroissiens, c’est, dans la géographie ecclésiastique du diocèse de Montréal, un groupement à part qui a pour nom, la « Mâlaine » (prononciation française de Mile End). Le curé Perrier, c’est le curé de la « Mâlaine ». Et les paroissiens sont les paroissiens de la « Mâlaine » : titre que chacun arbore avec fierté et qui a valeur d’une fraternité presque attendrie.

L’école nationaliste

Dirai-je la particulière incidence en ma vie de mon entrée au presbytère du curé Perrier ? Elle me jettera au cœur même du mouvement nationaliste. Le Curé, franc patriote, n’a rien du prêtre politicien. Mais il est de cœur et d’esprit avec le groupe d’hommes, disons même l’école, qui s’applique alors, au Canada français, à un relèvement national. Et il se trouve que les principaux chefs de l’école habitent presque tous la paroisse du Curé ou en sont de proches voisins. Henri Bourassa est paroissien de la « Mâlaine » ; de même Paul-Émile Lamarche, Antonio Perrault, le Dr Joseph Gauvreau, les Drs  Jean-