choix. Abandonnés par une partie de leurs collègues irlandais, responsables d’ailleurs de l’injonction, mais appuyés par deux commissaires de langue anglaise, les commissaires canadiens-français décident de braver la loi. Restée en place, la commission gouvernementale dissipe de son mieux les finances. Appauvrie, la commission légitime manque de combustible pour ses écoles. Que faire ? Fermer les écoles ? Des quêtes s’organisent « pour le charbon des écoles d’Ottawa ». On songe à une grande conférence. Qui eut l’idée de m’en charger ? Mme P.-E. Marchand, alors présidente de la Fédération des femmes canadiennes-françaises, s’attribue le projet. À juste titre, c’est bien elle qui m’écrivait d’Ottawa, le 21 septembre 1916 :
Car vous ne devez pas ignorer que si le gouvernement d’Ontario nous a permis d’ouvrir nos écoles en attendant le jugement de la Cour d’Angleterre, on n’en a pas été moins lâches que par le passé. Cette fois on refuse le charbon pour chauffer ces écoles. Donc, au nom des mères de famille canadiennes-françaises, je vous prie de nous aider à empêcher ces enfants de périr de froid ou rester privés d’instruction. Dès que j’aurai reçu votre réponse fixant la date, je ferai les arrangements nécessaires pour obtenir une salle, et si vous le désirez, les Messieurs seront admis. Je puis vous assurer d’avance que vous êtes attendu par un auditoire d’élite qui vous prouvera que les Canadiens français d’Ottawa sont reconnaissants à ceux des leurs qui leur tendent la main, et les hommes et les femmes de demain vous diront un éternel « Merci ».