famille de 10 personnes » (lettre du 13 mai 1915). Un esprit fin, délicat, l’abbé Georges Courchesne (futur archevêque de Rimouski), alors professeur au Séminaire de Nicolet, me dédie ce jugement (13 septembre 1916) :
Non, je ne vais pas vous dire tout le bien que je pense des Rapaillages. Il faut tout de même constater que tout y est : choses observées, notations exactes, idéalisation, moralités discrètes, poésie sincère. J’en ai lu des pièces entières a des confrères très positifs, lourds à remuer par conséquent. Eh bien ! mon cher, ils ont applaudi. Cela fera du bien, ou c’est inutile de mettre du cœur et de l’esprit à pleines pages.
Comme je suis un ami désagréable et que vous voulez bien m’aimer de même, je m’en vais vous dire quelque chose de fâcheux pour vous prouver ma tendresse (Hein !, allez-vous rebicheter). Il me paraît que à part les exposés strictement historiques où vous êtes chez vous, c’est en ce genre-ci que vous excellez. En lisant Croisade d’adolescents j’ai eu du malaise et me suis demandé pourquoi sans être capable de me répondre. Cette fois je dis tout le temps : « C’est ça, bon ! non, mais c’est-y ça un peu ! Cet innocent-là en a-t-il de l’esprit un peu. Il faudra lire ceci à mes gars, et cela encore, etc. » C’est de la critique d’instinct, vous me direz. Je ne suis pas assez fin pour en faire d’autre. Mais je serais bien surpris si nos critiques du métier ne vous disaient pas que vous avez là une voie, une veine à exploiter encore. Il ne se peut pas que vous ayez tout rapaillé d’un coup.
Il m’avait déjà écrit (5 mai 1915) à Valleyfield :
Il y a un nommé Lionel Montal qui écrit bien : dites-lui ça de ma part et des gens de par ici. Celui qui a signé « Les Adieux de la Grise » connaît également son affaire, dites-lui ça.
Je n’ai pas le temps de chercher les textes ou jugements des critiques de métier. Il s’en est publié sans doute. Je puis produire ici le jugement de deux d’entre eux : celui de l’abbé Camille Roy, alors régent de nos lettres, et celui d’Olivar Asselin. L’abbé a peut-être confié quelque article à une revue. Je n’en sais rien. Mais j’ai de lui une lettre qu’on voudra lire (15 septembre 1916) :
Cher Monsieur Groulx,
Merci pour votre cordial hommage d’auteur. Les Rapaillages me sont arrivés tout chargés des souvenirs et des parfums rustiques